NOUVEAU TEXTE: "A PROPOS DES 21 MESURES POUR L'ENSEIGNEMENT DES MATHEMATIQUES DE LA COMMISSION VILLANI"

Présentation et préambule

 

Eléments de biographie et origines de l’ensemble du travail placé sur ce site, préambule

 

A – Quelques éléments de biographie

 

         En 1965, après un BTS du secteur industriel, surtout pour repousser l’échéance du service militaire (18 à 24 mois à cette époque), j’ai entrepris une poursuite d’études en fac de sciences. Je ne visais donc pas particulièrement l’enseignement. Dans l’industrie bien sûr, mais aussi dans le secteur public, les titulaires d’un BTS étaient très recherchés et les salaires conséquents. Mais … il fallait « être libéré de ses obligations militaires ».  En 1968, alors surveillant dans un lycée et ayant déjà effectué des remplacements courts en mathématiques, mais surtout sur la base de mon BTS et de ma connaissance du dessin technique, j’ai été sollicité pour participer à la première expérience d’enseignement de la technologie en collège. Elle s’effectuait par une réorientation des horaires de physique. La place du dessin technique, (sans les ordinateurs, à cette époque), dans les programmes de cette « technologie » était particulièrement importante. L’institution devait donc « reconvertir » des enseignants de physique, en grand nombre et à moindre frais. Pour cela, elle avait décidé de procéder à des recrutements de personnels possédant des compétences en technologie et suffisamment polyvalents pour enseigner aussi les maths ou la physique, avec comme objectif d’obtenir par une mixité des formations initiales des échanges de compétences entre professeurs. A la rentrée de 1968, j’ai ainsi débuté dans l’enseignement sur un poste de maître auxiliaire en mathématiques et technologie. En plus, l’institution laissait une association, celle des professeurs d’initiation technologique (APIT), animée par des professeurs des  centres de formation de PEGC et des inspecteurs de physique, jouer un rôle moteur très important dans la promotion de cette discipline et la formation de ses enseignants. Et c’est au sein de cette association, dans un échange entre collègues, que j’ai appris les fondamentaux du métier et que j’y ai pris goût: préparation de leçons en groupe, utilisation de la vidéo (qui faisait tout juste son apparition) et discussions des leçons, … Mes premières notes pédagogiques et administratives, « à faire pâlir beaucoup d’enseignants en fin de carrière » (ce sont les propos du proviseur lors de la signature de mes premiers rapports), m’ont installé dans une situation confortable (malgré mon statut de maître auxiliaire à l’époque), que j’ai conservée (ou entretenue) finalement pendant toute ma carrière.

         Mais, très hostiles à cette expérience, la Société des agrégés et surtout l’Union des physiciens, soutenues par la majorité des inspecteurs généraux de physique, n’ont pas eu de peine à obtenir un retour vers un enseignement pur et dur de la physique en collège, qui s’est achevé vers la fin des années 70. Ils n’avaient pas totalement tord. La mixité des formations par le recrutement ne permettant pas de pourvoir tous les postes nécessaires, l’institution a aussi fait appel à des professeurs de collèges techniques (PTA), qui, involontairement ou plutôt inconsciemment, ont trop souvent détourné le projet de ses objectifs fondamentaux, donnant ainsi des arguments solides à ses détracteurs. (L’étude de la targette pendant un trimestre est restée dans les mémoires). Quant à moi, « sentant venir le vent », j’ai pu, sans peine, être intégré dans le corps des PEGC en mathématiques-physique. Et de 1978 à 2003, beaucoup plus par sensibilité aux difficultés des jeunes et aux questions pédagogiques qu’aux intérêts et au prestige d’une discipline ou d’une corporation, à ma demande, je n’ai finalement enseigné pratiquement que les maths.

         Mon parcours personnel est aussi fortement marqué par la photographie, après la découverte d’une forme de reportage pendant mon service militaire (1969 – 1970) et une initiation au travail de laboratoire à caractère professionnel; une formation accélérée particulièrement intense. (Voir, éventuellement, « Des images et des textes », le site : http://www.robertchieze-photographe.com). J’ai ensuite traversé l’effervescence des années 70 et 80 : stages, expositions, discussions, librairie très chargée, … Le statut de la photographie en tant qu’art était encore en discussion, mais c’est surtout à ses interventions dans les activités intellectuelles, par comparaison avec celles de l’écrit, que je me suis intéressé avec le plus de force, d’un point de vue global c’est-à-dire pas seulement d’un point de vue artistique et esthétique. Certainement par curiosité intellectuelle, au moins dans un premier temps, après avoir entendu quelques grands noms de la photographie, se laissant emporter par l’engouement du public, particulièrement fort en cette période, prétendre qu’elle avait vocation à devenir un langage universel. Les travaux de Roland Barthes ont fini par ramener un peu plus de réalisme, mais ses principales publications sur le sujet ne datent que des années 80. Par la suite ma réflexion sur l’image de conception photographique a incontestablement pris une place non négligeable dans les origines du travail que j’ai entrepris vers la fin des années 80, lorsque j’ai vraiment senti les résistances de mes élèves évoluer de façon inquiétante. En effet, des intellectuels et quelques études statistiques dénonçaient déjà la responsabilité de la télévision dans le développement d’une forme d’échec scolaire. Or la télévision d’abord, les écrans ensuite, se sont imposés dans notre environnement parce qu’ils sont de formidables vecteurs de l’image de conception photographique. Et, à mon avis, pour donner son avis sur les écrans sans se livrer à un bavardage inutile, il faut d’abord être pleinement conscient de cet aspect fondamental du problème. Sans la photographie la télévision et les écrans n’existeraient très certainement pas, ou alors leur intérêt serait pratiquement insignifiant et leur présence autour de nous très loin de ce qu’elle est aujourd’hui. Pour moi, d’une part ces premières études étaient bien trop imprégnées d’une nostalgie de l’école d’autrefois, d’autre part la télévision s’imposait comme un facteur de modernité incontournable, auquel il fallait adapter nos pratiques éducatives de façon un peu moins simpliste pour en tirer profit ; c’est-à-dire ne pas s’abandonner aux deux extrêmes, qui consistent, pour l’un à imposer des censures excessives jusqu’à interdire totalement la télévision et les écrans aux enfants, pour l’autre à accepter passivement ou béatement la modernité, sans la moindre arrière pensée. J’ai eu le sentiment d’avoir en mains (ou plutôt en tête) quelques atouts pour entreprendre une approche des effets de la télévision par l’image. Sans l’expérience de la photographie je n’aurai très certainement jamais effectué ce travail.

         L’enseignement des mathématiques à des adultes (en heures supplémentaires car faire de la photographie finit par coûter cher) tient aussi une place non négligeable dans mon parcours. En effet, j’ai enseigné au niveau de la formation de base, (de la 3ème à l’examen spécial d’entrée à l’université), dans le cadre des activités d’un organisme de formation continue délivrant des diplômes du Conservatoire National des Arts et Métiers, (C.N.A.M.) pendant dix ans environ à raison de 5 heures par semaine. Du point de vue de la pédagogie, cette expérience  m’a permis de prendre conscience de la fragilité des formations scolaires. Une fragilité qui n’est pas nouvelle, contrairement à ce que voudraient nous faire croire les nostalgiques de l’école d’autrefois, (voir, ne serait-ce que ce que j’ai retenu de trois entretiens de J.J. Bourdin de 8 h 30 à 9 h sur BFMTV, en ouvrant une page de ce site : rubrique « A PROPOS DE », puis : LES INVITES DE J.J. BOURDIN ET LE CALCUL, SUR BFMTV »).

 

 

B – Quelques précisions supplémentaires sur les origines de ce travail

 

         Malgré les éléments de biographie ci-dessus, censés expliquer les origines de mon travail, il me paraît nécessaire de répondre par avance à trois questions s’enchaînant l’une sur l’autre, et pouvant encore se poser. D’abord celle concernant les rapports directs, éventuellement cachés ou trop sophistiqués pour être connus de tous, que pourraient entretenir les mathématiques et la télévision. Je rassure immédiatement tout le monde, il n’y en a pas. Mais les effets de la télévision et des écrans sur les apprentissages scolaires et le comportement des enfants sont bien réels, comme le montent, ou le confirment, des enquêtes récentes extrêmement sérieuses effectuées essentiellement aux Etats-Unis, en Australie ou au Canada. Une de ces enquêtes, la plus étalée dans le temps, révèle que c’est justement en mathématiques que les conséquences d’une exposition des enfants aux effets de la télévision sont le plus sensibles.

         Vient donc ensuite une autre question, déjà nettement plus technique, concernant les liens associant la photographie et la télévision. Ils ne sont peut-être pas évidents pour tous. Là, ma réponse n’appartient pas au domaine des hypothèses. Elle est très simple et sans ambiguïté : scientifiquement, donc de façon incontestable, les images de la télévision sont majoritairement des images de conception photographique. Une catégorie qui regroupe la quasi-totalité des images de la photographie elle-même, du cinéma, de la télévision, de la vidéo et une proportion très importante des images circulant sur les nouveaux écrans. Nous retrouvons dans cette énumération l’ordre chronologique d’apparition de ces médias. La photographie  précède le cinéma qui à son tour précède la télévision, la vidéo et les écrans. Le cinéma apparaît avec la découverte du procédé technique permettant de restituer, ou de reconstituer, le mouvement avec la photographie. La vidéo simplifie les techniques et ouvre de nouvelles perspectives. Et la télévision vient, entre temps, c’est-à-dire entre le cinéma et la vidéo, offrir à toutes ces nouvelles images, qui sont des images de conception photographique, un vecteur de pénétration extrêmement puissant jusque dans les espaces de vie quotidiens. (Voir sur ce site, à partir de la page d’accueil, en ouvrant la rubrique « A PROPOS DE», le texte « LES ECRANS : UN PEU D’HISTOIRE »).  

         Mais alors, troisième question, comment se fait-il que la sensibilité des enfants aux effets des images de conception photographique, pourtant apparues avec l’invention de la photographie dans la première moitié du 19ème siècle, se soit faite attendre aussi longtemps, ou nous ait échappé jusqu’à présent ? En fait les contacts individuels avec la photographie sont restés très longtemps assez modestes, notamment au niveau des enfants, et c’est la télévision, qui, en s’imposant comme un vecteur extrêmement puissant de ces images, leur a permis d’envahir massivement les espaces de vie, surtout à partir des années 80, avec la multiplication du nombre de chaînes. C’est donc ce phénomène de pénétration massive qui a rendu les effets de l’image de conception photographique, latents mais passant inaperçus depuis l’apparition de la photographie, extrêmement sensibles et préoccupants de façon rapide et même brutale.    

  

         Pour achever la présentation de ce travail je confirme avec insistance l’hypothèse qui le justifie: si la télévision produit des effets sur les enfants c’est d’abord et avant tout par l’intermédiaire de ses images. Surtout pour ce qui nous intéresse ici : les effets sur leur formation intellectuelle et leur développement cognitif, qui relèvent notamment des compétences de l’école ; la réalité de ces effets ayant déjà été très largement prouvée par de nombreuses enquêtes et vérifications expérimentales. Dans cette hypothèse la critique de la qualité des émissions n’est plus une priorité. Je ne dis pas, bien au contraire, que du point de vue de l’éducation en général, de ce qui relève plus particulièrement de la compétence des parents, il soit permis d’abandonner toute vigilance. Mais à cet égard nous disposons déjà des critères de sélection établis par le CSA. Ils apportent une aide précieuse. J’ajoute encore que la présence de la publicité a elle aussi dépassé le seuil du supportable. D’autant plus qu’elle atteint de moins en moins ses buts et finit par encombrer inutilement les programmes. Elle ira donc peut-être ainsi elle-même à sa perte. Ce que la télévision est devenue mérite bien sûr d’être dénoncé avec force, mais ce n’est pas suffisant, et ce n’est surtout pas la meilleure façon aborder la question. Pour trouver les bons arguments, être enfin efficace, il faut reprendre le problème à ses origines, à ses racines, replacer en son centre la nature même de la télévision. Car, les émissions documentaires très « gentilles », sur les animaux par exemple, que toute la famille peut regarder, que, généralement, les enfants adorent, sont justement celles qui, insidieusement, produisent, d’abord les effets les plus destructeurs sur les prédispositions basiques absolument nécessaires aux apprentissages scolaires, (la motivation, l’écoute, l’attention, la concentration), et, ensuite, engendrent des contre-dispositions à ces apprentissages, (passivité, besoin d’immédiateté, perception erronée de l’espace et du temps,  difficultés à accepter et reconnaître les signes écrits). Et, en plus,  depuis que les effets de la télévision montent en puissance, l’école, en tentant de s’adapter à la modernité, fait vraiment tout ce qu’il ne faut pas faire, alors que, justement, elle pourrait en corriger les conséquences. C’est elle, et elle seule, qui peut apporter des réponses efficaces aux effets pervers des écrans et mettre en valeur leur pouvoir éducatif sous-jacent, puissant mais  très mal exploité. Voir toujours sur ce site, depuis la page d’accueil, en ouvrant la rubrique « A PROPOS DE », le texte « PREREQUIS ET PREDISPOSITIONS », et, bien sûr, tout le travail qui est à l’origine de l’ouverture de ce site. Disons ici, dans cette présentation, pour faire court, que ces effets sont d’abord ceux des images de conception photographique diffusées massivement par la télévision, et qu’il faut donc, d’abord, s’intéresser à leur nature de façon à ne pas laisser de côté la partie la plus importante de leur trajectoire : son origine, son enracinement. Or, c’est ce que font tous ceux qui abordent la question des écrans latéralement, en observant, par exemple, la qualité de telle ou telle émission de télévision, globalement, pour évaluer sa valeur éducative au sens général, mais de façon beaucoup trop superficielle.

         Je ne propose donc pas un bilan de ce qui a pu être dit ou écrit sur la télévision et les écrans mais une approche totalement nouvelle, radicalement différente des approches traditionnelles, qui, à mon avis, ont maintenant suffisamment démontré leur inefficacité pour être oubliées.

 

B - Publications

 

         Première publication importante sur ce thème dans le N° 151 de la revue LE DEBAT (sept-oct 2008). Son titre : « L’image, le langage et l’école. Sur les effets de la télévision. » Des textes plus courts sont aussi présents sur les sites des Cahiers Pédagogiques et de Philippe Meirieu.

 

 

C – Préambule et avertissement

 

         L’édition classique permet, en général, à l’auteur de textes un peu longs, comme ceux-ci, d’offrir un travail validé par des experts, déjà lu et relu par plusieurs personnes, donc en principe impeccable dans la forme, sans la moindre faute. Mais la confection, l’impression, la diffusion d’un livre constituent pour l’éditeur un investissement financier important. Or, les livres sur l’école, lorsqu’ils ne sont pas des pamphlets faciles à lire, pour peu, en plus, qu’ils abordent des questions complexes, se vendent très mal, en général à quelques centaines d’exemplaires, parfois même à quelques dizaines seulement, même lorsqu’ils sont écrits par des intellectuels reconnus. Dans cette situation un engagement par contrat éditorial, très contraignant, pour une diffusion aussi faible, ne peut conduire qu’à un étouffement du sujet traité.

         Or la question des effets de la télévision et des écrans sur le développement cognitif et l’éducation des enfants est complexe mais elle concerne incontestablement un public large, pour ne pas dire tout le monde. Elle concerne un public d’autant plus large que l’état actuel de notre école est particulièrement inquiétant. Son efficacité ne cesse de se dégrader. En outre, nous pouvons tous vérifier que, d’une part la montée en puissance de la télévision dans nos espaces de vie, d’autre part le développement de l’illettrisme, la désaffection des jeunes pour les sciences, et plus globalement la dégradation de l’efficacité de notre système éducatif ont suivi des chronologies parallèles. Ajoutons à cela qu’au cours des trois dernières décennies, de façon générale, les enseignants ont observé le développement rapide d’une forme de résistance aux apprentissages scolaires présentant des aspects totalement nouveaux, alors que ses aspects classiques s’accentuaient fortement. Et, enfin, je répète avec insistance, la réalité des effets de la télévision et des écrans sur cette évolution des résistances aux apprentissages scolaires est maintenant confirmée, prouvée par plusieurs enquêtes extrêmement sérieuses. La nécessité d’introduire la question des effets de la télévision et des écrans dans les débats publics sur l’avenir de l’école me paraît donc urgente et justifier la recherche d’un mode de diffusion adapté. D’autre part la frilosité de l’édition classique à l’égard des documents sur l’école, avec son besoin permanant de recourir à des expertises, (et son immobilisme dès qu’elle ne parvient pas à trouver la caution d’experts ou d’intellectuels reconnus), n’est-elle pas une véritable insulte pour le public, les enseignants, les parents, …, et la démocratie ? Il est aussi possible que beaucoup trop d’intellectuels reconnus, érigés en experts et très influents sur l’ensemble de l’édition, soient beaucoup plus soucieux de protéger leur « pré carré » que de l’intérêt des enfants et de l’école, en réagissant simplement de façon primaire et individuelle (sans concertation collective) à une modernité qui évolue rapidement et les bouscule dans leurs certitudes, c’est-à-dire en essayant de retenir par tous les moyens une illusion de compétences sur des secteurs qui leur échappent.  

         Ainsi, en plaçant sur la toile la partie la plus significative de mes recherches sur les effets de télévision et des écrans, à la disposition de tous, gratuitement, je propose un travail en cours d’évolution, et, c’est évident, moins achevé que les documents publiés en librairie. Mais je pense que l’état actuel de l’école justifie cet effort, et j’invite avec insistance les visiteurs de ce site à s’impliquer dans ce débat. Je les encourage notamment à donner leur avis par le biais de la rubrique «CONTACT ».

 

D - Ultimes précisions

 

         1 - J’ai effectué cette recherche sur les effets de la télévision totalement seul. Je veux dire par là que je n’ai jamais eu l’occasion de vraiment débattre de mes observations, de mes hypothèses, de toute cette approche dans ses détails et dans son ensemble.

         Comment l’expliquer ? Avec les appareils numériques et tous leurs automatismes, faire de la photographie ou de la vidéo est devenu tellement facile que le niveau moyen des connaissances requises, et des connaissances effectives, a pratiquement atteint le degré 0. C’est ce que j’ai pu constater au cours des échanges avec les visiteurs de mes dernières expositions. Même parmi les jeunes professionnels certains ne possèdent pas parfaitement les fondamentaux de la photographie. Et chez les amateurs plus âgés, ceux de ma génération par exemple (70 ans), ayant débuté avec l’argentique, beaucoup les ont oubliés. Tout simplement parce que les uns et les autres ont le sentiment de ne plus en avoir besoin. Les nombreux écrits sur l’image des années 70 ont disparu des librairies et souvent des médiathèques. Depuis l’apparition du numérique les revues spécialisées ont totalement délaissé ces fondamentaux pour les nouvelles techniques de traitement de l’image avec des logiciels informatiques comme Photoshop, …, et ouvrir encore plus leurs pages à des présentations de matériel ou à la publicité. Mais je constate actuellement, avec un certain bonheur, une correction sensible de cette erreur d’orientation ; pour répondre, je pense, à une évolution de la demande. Cependant les dégâts sont là. Il faudra beaucoup de temps pour les réparer. Car, malgré le numérique, les fondamentaux n’ont pas changé. Et, aujourd’hui, sans les connaître, il est effectivement possible de faire très facilement de bonnes photographies, mais, par contre, il est toujours aussi difficile, pour ne pas dire impossible, de comprendre et de connaître le fonctionnement médiatique de l’image de conception photographique. Entre les images produites par le dessin, la peinture ou la photographie la confusion est devenue totale, alors que, justement, partout, la présence de l’image de conception photographique est extrêmement forte, et que cette image ne peut avoir de sens que si sa nature est reconnue. Même les milieux intellectuels me paraissent concernés. Comme en témoignent les publications sur la question des écrans d’un trop grand nombre de soi-disant experts, dont les discours ont, bien sûr, le mérite de reconnaître la réalité des effets de ces écrans, mais, malheureusement, n’apportent aucune solution réaliste.

         Si bien que jusqu’à présent la totalité des personnes qui ont manifesté de l’intérêt pour le sujet, comme je l’aborde, n’ont pas cherché à en discuter ; et ce que propose, dans les lignes précédentes, pour interpréter cette absence de réaction n’est peut-être pas suffisant, mais révèle une réalité dont le public, et surtout les intellectuels, n’ont pas encore pris conscience. Car, en fait, pourquoi, malgré plusieurs enquêtes scientifiques révélant que les effets de la télévision sur les apprentissages scolaires sont bien réels, la tendance, non seulement ne s’inverse pas, mais semble encore s’accentuer, même fortement. Or, très rapidement, de nombreux journaux les ont publiées et commentées. Certaines sont déjà anciennes. En fait, il faut reconnaître que, très vite, dès son apparition, des intellectuels ont commencé à dénoncer les dangers de la télévision, de façon générale, mais avec des arguments souvent passéistes et peu convaincants. Cependant, maintenant, étant donné l’état actuel de notre école, peut-on continuer à ignorer la réalité de ces effets et à ne pas en tenir compte dans les débats sur son avenir ? Il est vrai, aussi, que certaines de ces enquêtes montrent que les parents, en général, n’en sont pas vraiment conscients ; et qu’en plus, la société française serait  particulièrement concernée. J’émets quelques doutes, au moins sur l’interprétation des résultats de ces enquêtes et cette apparente légèreté des familles. Elles révèleraient une forme d’abandon à la facilité. Ce qui est vrai, je l’affirme, pas pour les parents, mais pour les soi-disant experts qui abordent la question en n’accordant aucune importance à la nature des images. Par contre pour les parents et l’ensemble de la société, je crois plutôt que, justement, les solutions proposées par ces experts à l’issue d’une approche vraiment incomplète et superficielle de la question, pratiquement impossibles à mettre en œuvre de façon efficace, ne peuvent qu’inciter à la prudence, à l’attente de propositions un peu plus réalistes. Je pense, justement, qu’il faut cesser de culpabiliser inutilement les familles et aborder autrement cette question. 

 

         2 – J’ai aussi effectué ce travail par conviction, de façon totalement bénévole. En le plaçant sur la toile non seulement je ne perçois pas de droit d’auteur, et mon travail ne reçoit donc aucune rémunération, mais je dois aussi financer l’hébergement du site.

         Ainsi, d’autre part très conscient qu’une édition papier est aussi nécessaire, je n’exclue pas d’accepter un contrat d’édition et d’adapter ce site en conséquence.